Agir avec les peuples oubliés ICRA International

+

23 organisations françaises appellent les banques françaises à cesser tout nouveau versement au projet de pipeline “Dakota Access” (DAPL), dans le Dakota du Nord. Face aux violations des droits des communautés autochtones mises en lumières par la tribu des Sioux de Standing Rock, ce projet doit être mis à l’arrêt tant que leurs revendications continuent de ne pas être prises en compte par les entreprises en charge du projet. 

ICRA est signataire de cet appel.

Quelques mois après l’adoption de l’Accord de Paris par 195 pays réunis à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP21) en décembre 2015, 17 banques internationales signaient un prêt de 2,5 milliards de dollars au DAPL - un projet d’oléoduc souterrain devant traverser quatre États américains et acheminer chaque jour un demi-million de barils de pétrole extrait dans le Dakota du Nord, à la frontière canadienne, jusque dans l’Illinois, plus au sud.

Parmi elles, les 4 plus importantes banques françaises : BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Natixis, pour un apport respectif d’environ 120 millions de dollars.

Un projet déjà responsable de lourdes violations de droits humains

La construction du pipeline à travers des terres non cédées et des territoires sacrés constitue une menace pour l’approvisionnement en eau potable, les services médicaux et sociaux et d’importantes ressources culturelles des communautés y habitant. Déjà des cimetières et autres sites culturels de haute importance pour les communautés ont été profanés.

Initialement, le pipeline devait traverser la rivière Missouri à proximité des villes de Bismarck et Mandan. Suite à l’opposition des conseils municipaux, liées notamment aux risques de contamination des réserves d’eau potable, le pipeline a été détourné vers la réserve Sioux de Standing Rock. Là se trouve le cœur du problème : l’absence de consultation, en opposition totale avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des communautés autochtones, dont notamment celui à l’autodétermination et au consentement libre, préalable et éclairé concernant l’usage de leurs terres traditionnelles. Aucune enquête quant aux impacts possibles du projet sur les ressources culturelles et l’environnement n’ont été menées.

Contesté depuis ses débuts en juillet 2014, le projet dont la construction a débuté en mai 2016, catalyse aujourd’hui les luttes pour leurs droits des communautés autochtones et leur auto-détermination. Dirigée par les Sioux de Standing Rock, l’opposition au projet est soutenue par plus de 280 autres tribus et alliés du monde et depuis avril dernier, des milliers de Protecteurs de l’eau et sympathisants ont afflué sur le site pour bloquer de manière pacifiste la construction du projet. 

La réponse de la compagnie et des autorités locales a été similaires à ce qui peut être observé ailleurs dans le monde : des tentatives pour criminaliser la protestation et la limitation de l’accès au terrain pour évaluer la situation. Mais le conflit a dégénéré ces derniers mois : en réponse à cette résistance strictement non violente sur le site, les forces de l’ordre de plusieurs Etats et agences américains, des membres de la garde nationale des Etats-Unis et des forces de sécurité privée armée travaillant pour les promoteurs du projet ont répondu par l’usage de matériel militaire, de chiens d’attaques, de fusils automatiques, de grenades à commotion cérébrale, de canon à eau, etc. Les blessés se comptent par centaines, le pronostic vital de certaines personnes étant engagé, des traitements inhumains des personnes arrêtées sont reportés, et des journalistes font aujourd’hui l’objet de poursuites judiciaires.

Pour que les violations cessent, les banques doivent retirer leurs soutiens au projet

Au-delà des impacts sur le climat, c’est donc en solidarité avec la tribu des Sioux de Standing Rock et pour le respect des droits des communautés autochtones que nous appelons les banques à suspendre immédiatement tout soutien à ce projet. Ce qui se passe aujourd’hui dans le Dakota du Nord pourrait très bien se dérouler n’importe où ailleurs dans le monde, lorsque les intérêts économiques des entreprises extractives s’opposent aux droits des communautés autochtones et leur refusent leur droit de participer réellement aux décisions qui affectent leurs vies et leur environnement.

Ces multiples violations des droits humains sont inacceptables et les banques françaises ne sauraient maintenir leur soutien à l’oléoduc Dakota Access sans renier leurs engagements en faveur du respect des droits de l’homme. BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Natixis ont toutes signé les Principes de l’Equateur qui établissent des règles de conduite propres au respect des droits des communautés autochtones.

La première erreur des banques françaises fut de soutenir ce projet alors que ces risques étaient, dès le début, incontestables. Ne pas suspendre aujourd’hui leur participation au projet tant que les demandes de la tribu des Sioux de Standing Rock ne sont pas respectées serait se rendre complice des violations des droits des communautés autochtones et des opposants non-violents.

Plus de 500 organisations appelaient la semaine dernière les 17 banques internationales à suspendre tout nouveau versement au projet et à exiger des promoteurs du Dakota Access l’arrêt de la construction du pipeline et autres infrastructures liés au projet tant que les problèmes soulevés ne sont pas résolus à la pleine satisfaction des Sioux de Standing Rock. 

En solidarité avec la tribu des Sioux de Standing Rock, nous réitérons aujourd’hui cet appel aux banques françaises à suspendre tout soutien au projet puis à s’en retirer si aucune résolution en accord avec les demandes des Sioux de Standing Rock n’est trouvée. 

De telles violations étant malheureusement habituelles dans ce type de projet, et considérant l’urgence climatique actuelle, nous demandons également aux banques françaises l’arrêt de leurs financements de projets à de nouvelles infrastructures d’énergies fossiles.

Organisations signataires de l’appel : 
350.org, Action Non-Violente COP21, Aldeah, Alofa Tuvalu, Alternatiba, Attac France, Collectif 07 Stop au gaz et Huile de Schiste, Collectif 38 France STOP Hydrocarbures GHRM, Collectif Causse Méjean - Gaz de Schiste NON !, Collectif relais d'informations et actions citoyennes, Collectif Roosevelt, CSIA-Nitassinan, End Ecocide on Earth, Fair Finance France, France Libertes - Fondation Danielle Mitterrrand, ICRA, Les Amis de la Terre France, MANA, Musée de l’Homme, Notre affaire à tous, Oxfam France, Réseau Action Climat France, Terre des Hommes France.

Juillet 2020 : Communiqué d’Indigenous Environmental Network : Un juge fédéral ordonne la fermeture de l’oléoduc !

Nous vous écrivons aujourd’hui avec de bonnes nouvelles, nous célébrons une victoire pour la souveraineté de la tribu des Sioux de Standing Rock et celle de Cheyenne River qui se battent pour la protection de leurs terres et territoires traditionnels contre l’oléoduc Dakota Access Pipeline d’Energy Transfer Partners.

Aujourd’hui, un juge fédéral a ordonné à Dakota Access, LLC, une filiale d’Energy Transfer Partners, de fermer et de vider l’oléoduc Dakota Access Pipeline d’ici le 5 août 2020. Cette ordonnance s’inscrit dans le cadre d’un procès en cours intenté par les tribus sioux de Standing Rock et de Cheyenne River. Le tribunal a récemment conclu que le Corps des ingénieurs de l’armée états-unienne avait violé la loi sur la politique environnementale nationale lorsqu’il a accordé un permis au Dakota Access, LLC, en raison de l’absence d’un examen complet de l’impact environnemental du projet. Cette nouvelle décision du tribunal ordonne la fermeture de l’oléoduc dans les 30 jours et jusqu’à la fin de l’examen environnemental.
CSIA-Nitassinan
7/7/2020




‹ Go Back