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Guyane : soutien au village Wepe

Le village Kali’na Atopo Wepe demande le déplacement du projet de Centrale Electrique de l’Ouest Guyanais (CEOG) qui doit s’implanter en pleine forêt à environ un kilomètre du village, privant les habitants d’une partie de leurs ressources et menaçant une zone naturelle.
ICRA a apporté son soutien à l’initiative de France Liberté et au village Atopo Wepe.

Le projet de Centrale Electrique de l’Ouest Guyanais (CEOG) mêlant du solaire photovoltaïque et une unité de stockage sous forme d’hydrogène vise à fournir l’équivalent de 10 000 foyers de l’ouest de la Guyane qui fait face à des besoins énergétiques importants depuis plusieurs années. Selon le site internet détaillant le projet « CEOG ne consomme que du soleil et de l’eau et ne produit que de l’électricité et de la vapeur d’eau. ». Un projet plus vert que vert en perspective pour la Guyane ? Pas si sûr si l’on se penche sur le fond technique du dossier mais le problème majeur est surtout son emplacement. La centrale entend en effet s’implanter en pleine forêt tout proche (un kilomètre environ) du village autochtone Kali’na Atopo Wepe de 200 habitants près de Saint-Laurent du Maroni. Les villageois demandent le déplacement du projet. Depuis décembre dernier les mobilisations du village menées par le Yopoto (chef coutumier en langue Kali’na) Roland Sjabere sont soutenues par de plus en plus d’associations, organisations autochtones et chefs coutumiers dénonçant le mépris de leur parole. Les actions s’intensifient car le risque d’implantation effective est imminent et les machines démarrent déjà des travaux sur la parcelle en question.

Un projet plus vert que vert?
Sur le plan environnemental, premier élément étonnant : la zone d’emprise de la centrale est au sein d’une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) et du Parc naturel régional de Guyane. Le diagnostic visant à détailler la biodiversité présente sur le terrain réalisé par Biotope pour l’entreprise, aurait pu être beaucoup plus poussé et comporte de sérieuses lacunes de l’avis même des naturalistes qui l’ont effectué sur un temps court et dans des conditions météo défavorables. Malgré cette étude incomplète, il y a tout de même 33 espèces protégées qui ont été clairement identifiées et qui sont directement menacées par la mise en œuvre du projet de centrale. Or, l’entreprise n’a, a priori, pas demandé les dérogations nécessaires pour continuer son projet en toute légalité. Face à cet élément frappant, les habitants du village ont alerté la préfecture de Guyane, le chef de service de l’Office Français de la Biodiversité de Guyane et les porteurs du projet dans un courrier daté du 14 décembre dernier. A ce stade ils n’ont aucun retour mais une chose est sûre : ils comptent bien aller jusqu’en justice s’il le faut pour stopper ce massacre de biodiversité prévu par les industriels. Ils ont d’ailleurs d’ores et déjà lancé une cagnotte en ligne afin de pouvoir engager un avocat et faire face aux nombreuses dépenses qui seront nécessaires dans ce potentiel bras de fer juridique…
France Liberté
Illustration : Manifestation des habitants du village Atopo Wepe

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