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L’eau et la terre : une trame de vie indissociable

Derrière chaque accaparement de terres, se cache aussi un accaparement de l’eau. La terre et l’eau sont interdépendantes et inséparables, et l’eau, en ce sens, est un aspect essentiel de la terre et de la vie. Elle s’écoule, se transforme, nourrit et se nourrit d’autres cycles de vie. L’eau occupe donc une place essentielle dans les luttes des communautés.

Tout au long de sa chaîne d’extraction, de production et de distribution, chaque « produit de base » dissimule de nombreuses histoires de spoliation et de destruction. Qu’il s’agisse de minéraux ou de pétrole, de caoutchouc ou d’huile de palme, de bois à pâte ou de carton, et de nos jours, même des crédits de compensation carbone, d’eau et de biodiversité, tous sont liés à la violence et à la spoliation. Tous ont un lien avec l’accaparement de terres communautaires, et souvent aussi avec la pollution des terres, de l’eau et de l’air. 
La terre, en particulier pour les communautés forestières et paysannes, représente bien plus que ce que l’on peut voir au premier abord. S’emparer de leurs terres et de l’eau qui alimente ces terres, c’est aussi s’emparer de leurs souvenirs, de leurs histoires, de leurs racines et de leurs liens. La terre et l’eau sont interdépendantes et inséparables, et l’eau, en ce sens, est un aspect essentiel de la terre et de la vie. Elle s’écoule, se transforme, nourrit et se nourrit d’autres cycles de vie. L’eau occupe donc une place essentielle dans les luttes des communautés.

Les conséquences de l’empoisonnement et/ou du pillage de l’eau se font sentir sur les systèmes de vie abondants qui dépendent des nombreuses sources d’eau et des territoires qu’elles font vivre. Les opérations extractives, les sites de production et les corridors de transport affectent donc des zones bien plus vastes que les territoires occupés par ces activités polluantes elles-mêmes. Leur impact sur la vie et les communautés va donc bien au-delà des sites d’exploitation, de production et de transport.

Derrière chaque accaparement de terres, il y a aussi un accaparement de l’eau.
Leonardo Tello Imaina, de Radio Ucamará à Nauta, Loreto, Pérou, parle de la menace que fait peser la « voie navigable amazonienne » (Amazon Waterway) sur les peuples autochtones Kukuma. La « voie navigable amazonienne » est un mégaprojet visant à relier les cours d’eau du bassin amazonien aux marchés de capitaux.
« Le fleuve, ou le “grand serpent”, ne peut être considéré comme une voie fixe ; il change et échange constamment avec la forêt et ses nombreux systèmes vivants. […] Le fond de la rivière est très important pour les esprits qui vivent dans l’eau, comme le “purawa” (serpent), ou le “karuara” — les personnes qui vivent dans les profondeurs de la rivière, après avoir été emporté/es par les esprits de l’eau. Ceux et celles qui sont partis vivre dans le monde de l’eau communiquent à travers les rêves avec leurs familles qui vivent dans le monde terrestre. Les mares formées le long des rivières qui permettent à l’eau de créer des méandres en serpentant sont le lieu de vie de nos ancêtres. En ce sens, les Kukama ont une relation personnelle et profonde avec les rivières… »
WRM

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