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Appel pour protéger le Yasuni de l’extractivisme pétrolier en Equateur

Le 20 août 2023, les Équatoriennes et les Équatoriens se sont rendus aux urnes lors d’un référendum pour dire OUI au Yasuní et à la vie qu’il représente. En écoutant la voix du peuple, l’Équateur peut devenir le premier pays au monde à arrêter des forages pétroliers grâce à la démocratie climatique directe.
Cependant, le gouvernement équatorien refuse actuellement d’appliquer le résultat du référendum et donc la décision du peuple.

Le 23 novembre dernier, dans les locaux de France Amérique Latine à Paris, accompagnés par les associations Guayusa et Selva Viva, cinq jeunes représentants des peuples Sapara, Kichwa, Waorani et Wankavilca d’Équateur sont venus alerter sur l'enjeu crucial de préserver le Yasuní de l’extraction pétrolière.
Ils ont également présenté une lettre qui sera remise au Consul de l’Équateur en France pour faire pression sur le gouvernement équatorien afin qu’il respecte le résultat du référendum.

ICRA a apporté son soutien à cette lettre exigeant l’application de la consultation populaire d’août dernier.

Le Yasuní est un parc national depuis 1979, d’une superficie de 982 000 hectares, situé dans la région amazonienne, dans les provinces de Pastaza et d’Orellana. En 1989, une zone encore plus étendue du parc a été déclarée réserve de la biosphère par l’UNESCO pour sa richesse naturelle et culturelle. Il accueille une biodiversité exceptionnelle avec notamment plus de 100 000 espèces d’insectes par hectare. Dans la région coexistent des Waorani, des Kichwas, des Shuars, des colons et des métis. Des peuples autochtones isolés, les Tagaeri, les Taromenane et les Dukagaeri, vivent également au Yasuní.

L’arrivée du pétrole dans cette région d’Équateur ne date pas d’hier. “Contactés il y a une cinquantaine d’années, mon peuple, les Waoranis, ont vu leur territoire envahi par l’industrie pétrolière qui a pollué nombre de site sacrés, nos espaces de vie et de chasse, réduisant la superficie de notre territoire sans aucun avantage contrairement à ce que veut faire croire le gouvernement”, témoigne Joana du peuple Waorani”. Et d’ajouter : “Nous avons activement milité pour défendre cette terre, nous avons parcouru le pays pour faire campagne pour le oui au référendum et le résultat a été une grande victoire en faveur de la vie. Nous voulons vivre en paix, sans les pétroliers!”

Au début des années 2000, le président équatorien de l’époque, Rafael Correa, avait, à travers l’initiative Yasuni ITT, lancé un appel au monde. En échange de garder le pétrole du Yasuni dans le sol, il demandait une aide aux pays du nord de 5 milliards de dollars, afin de compenser la perte de la non exploitation pétrolière des réserves du Yasuni pour l’État équatorien. Les pays du nord n’ont pas répondu à cet appel, laissant la voie libre aux pétroliers!

La lutte pour la tenue de ce référendum dure depuis 10 ans. Le représentant du peuple Kichwa témoigne : “On s’est battu pour cette consultation populaire, nous avons accumulé les signatures et la Cour constitutionnelle a enfin validé ces signatures et décidé de la possibilité de cette consultation populaire par référendum malgré la forte opposition des pétroliers, d’une partie de la classe politique et des pouvoirs économiques”.

Malgré le oui au référendum, le gouvernement ne semble pas vouloir appliquer la décision du peuple. Pourtant la Cour constitutionnelle a donné un an à l’État équatorien et aux pétroliers pour démanteler les infrastructures du bloc 43 dans le Yasuni.
ICRA International
©ICRA International

Complément d'information
Une délégation de jeunes autochtones d’Equateur en visite en France
Guayusa est une jeune association rennaise créée en 2022 afin de relayer et soutenir les luttes des peuples autochtones d’Amazonie équatorienne dans la défense de leurs droits et territoire. 
Dans ce cadre, Guayusa coordonne, en partenariat avec l’association Selva Viva, un projet de réciprocité qui vise l’accueil en France d’un groupe de jeunes autochtones équatoriens engagés dans la protection de leur territoire, l’Amazonie, et de jeunes réalisateur·ices environnementalistes colombiens, afin d’écouter leurs plaidoyers, mener des réflexions collectives et faire émerger des projets interculturels et solidaires. 
Ce projet s’est déroulé du 7 au 24 novembre dernier, principalement en Bretagne, puis à Paris pour les derniers jours du séjour.
Au sein du groupe, on compte quatre jeunes des peuple Sapara, Kichwa et Waorani et un jeune de autochtone du peuple Wankavilca de la côte équatorienne. 

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