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Les Amérindiens du Brésil reprennent espoir

Les années Bolsonaro ont été tragiques pour l’ensemble des peuples indigènes du Brésil. 
L’élection de Lula est un grand soulagement pour les Communautés amérindiennes et les premières mesures prises (création du Ministère des Peuples indigènes, transformation du rôle de la Funai, nominations de militantes indigènes à des postes clefs, etc.) sont encourageantes et redonnent espoir à des communautés meurtries.

Élu pour la troisième fois président du Brésil le 30 octobre 2022, Luiz Inácio Lula da Silva – Lula, a pris ses fonctions le 1er janvier 2023 à Brasilia. Le temps fort de la journée a été sa montée sur la rampe accédant au Planalto, le palais présidentiel. Il était accompagné de huit personnes représentant la société brésilienne dont le leader indigène Raoni Mektutire. L’écharpe de président lui a été est remise par Aline Sousa, représentante de la Commission Nationale des collecteurs de déchets recyclables. La tradition aurait voulu que cette écharpe lui soit passée par le président sortant, Jair Bolsonaro. Mais ce dernier est parti aux USA, en Floride, le 30 décembre ! 

La création du Ministère des Peuples indigènes 
L’un de ces Décrets (édition spéciale Décret n° 11.355) concerne la création du Ministère des Peuples Indigènes, notamment son rôle et sa structure. Dans son Annexe 1, l’article 1er définit les compétences du Ministère : la politique indigéniste; la reconnaissance, la garantie et la promotion des droit des peuples indigènes; la reconnaissance, la démarcation, la défense, l’usufruit exclusif et la gestion des terres et des territoires indigènes; le bien vivre des peuples indigènes; la protection des peuples indigènes isolés et de récent contact; les accords et traités internationaux, spécialement la Convention n° 169 de l’Organisation Internationale du Travail (Convention approuvée par le Congrès brésilien en 2002 et promulguée par Lula le 19 avril 2004). 
La création d’un tel Ministère est une première dans l’histoire du Brésil. Elle avait été évoquée par Lula quand il a visité le « Campement Terre Libre » organisé à Brasilia en avril 2022 par l’Articulation des Peuples Indigènes du Brésil (APIB). Le 13 octobre 2022, après le premier tour des élections, l’APIB a appelé les peuples indigènes à voter pour Lula au second tour de l’élection présidentielle du 30 octobre.
Pour diriger le Ministère, Lula a fait appel à la militante indigène Sônia Bone de Sousa Silva Santos, plus connue sous le nom de Sônia Guajajara. Sônia est originaire de la Terre Indigène Araribóia située dans l’État du Maranhão. Elle a une formation dans les domaines de la santé et de l’éducation. Elle s’est engagée dans le mouvement indigène. Alors qu’elle était une dirigeante de la Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie Brésilienne - COIAB. Aux élections d’octobre 2022, Sônia a gagné son élection à la Chambre des Députés pour y représenter l’État de São Paulo. Devenue ministre, c’est maintenant son suppléant, Ivan Valente qui occupera son siège. 

La FUNAI change de nom. Elle est maintenant présidée par une indigène 
Autre changement institutionnel du gouvernement 3 de Lula concernant la protection des indigènes du pays : la Fondation Nationale de l’Indien – FUNAI change de nom tout en gardant le même sigle. Elle s’appelle maintenant « Fondation Nationale des Peuples Indigènes » cela pour mieux refléter leur grande diversité, culturelle, notamment. 
Autre innovation : la FUNAI est placée sous la présidence de l’avocate indigène Joênia Batista de Carvalho, appelée plus simplement Joênia Wapichana (le nom de son ethnie d’origine dans l’État de Roraima). C’est la première fois depuis sa création (en 1967), que l’entité est placée sous l’autorité d’une indigène. Joênia est une pionnière. Elle a été la première avocate indigène du Brésil. Elle s’est engagée au sein du département juridique du Conseil Indigène de Roraima – CIR. En 2008 elle a défendu la démarcation de la Terre Indigène Raposa Serra do Sol devant le Tribunal Suprême Fédéral. C’était la première fois dans l’histoire de la Cour qu’un-e indigène s’y exprimait oralement. En 2013, elle a été la première présidente de la Commission Nationale des Droits de Peuples Indigènes de l’Ordre des Avocats du Brésil (OAB). En 2018, sous l’étiquette du parti Rede Sustentabilidade (REDE), elle a été élue à la Chambre des Députés où elle représente l’État de Roraima. Dans l’histoire du Brésil, elle est la première femme indigène à occuper un tel poste. Á la Chambre elle a été la coordinatrice du Front Parlementaire Mixte de Défense des Droits des Peuples Indigènes. Elle n’a pas été réélue pour la 57e législature en octobre 2022. Au cours de la cérémonie d’entrée en fonction, le 3 février dernier, elle signé plusieurs textes relatifs à la reprise d’activité, ou la constitution, des groupes de travail en vue de la démarcation de Terres Indigènes. 
Bernard Comoli

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