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Les incendies et la déforestation entraînent des réactions au Brésil et au-delà

Les médias ont largement fait écho aux incendies et à la déforestation qui ravagent l’Amazonie et le Pantanal (la plus grande zone humide de la planète). Les liens de ces phénomènes avec l’agrobusiness ont été rappelés à diverses reprises. La situation en Amazonie a suscité des réactions et des prises de positions variées.

Le 18 septembre, le Général Heleno, chef du Cabinet de la Sécurité Institutionnelle à la Présidence du Brésil a publié une note sur les réseaux sociaux. Il dit que l’Articulation des peuples Indigènes du Brésil - APIB et une de ses leaders, Sônia Guajajara commettent un crime de lèse-patrie : « L’APIB est derrière le site defundbolsonaro.org pour diffuser des fake news contre le Brésil, imputer les crimes environnementaux au président de la république et appuyer les campagnes internationales de boycott des produits brésiliens. » L’Articulation rejette cette accusation. Selon elle « … le plus grand crime qui nuit à notre patrie est l’incapacité du gouvernement à empêcher la destruction de nos biomes, de nos zones protégées, les incendies, l’accaparement des terres, la déforestation, l’invasion de nos terres et le vol de nos richesses. »

Le 22 septembre, lors de l’ouverture de la 75e Assemblée Générale de l’ONU, le président brésilien a défendu la politique économique et sanitaire qu’il conduit dans son pays pour faire face au Covid-19. À propos des incendies qui dévastent la forêt : « Notre forêt est humide et ne permet pas la propagation du feu en son intérieur. Les incendies arrivent pratiquement, dans les mêmes lieux, dans la zone Est de la forêt, où le caboclo* et l’indien brûlent leurs champs à la recherche de leur survie dans les zones déjà déboisées.» Le jour même l’Articulation des Peuples Indigènes du Brésil - APIB a adressé une interpellation au Tribunal Suprême Fédéral - STF pour que « le Gouvernement explique à la justice les mensonges qu’il a communiqué à l’ONU et les attaques faites aux peuples indigènes. »

La situation inquiète au-delà du Brésil

En juin dernier, l’association française Envol Vert a publié un rapport intitulé « Groupe Casino éco responsable de la déforestation # double jeu ». L’étude, sous-titrée « Rapport bœuf », porte sur le Brésil et la Colombie, pays où le groupe a des fournisseurs en viande bovine et des filiales de distribution. Le document a été adressé à la direction stéphanoise du groupe qui répond «… le plan de vigilance publié par le groupe Casino est conforme avec les obligations telles que définies par la loi française (No 2017-399) du 27 mars 2017 ». Une dizaine d’ONG dont la Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie Brésilienne – COIAB, sont associées à la démarche. Mis en demeure le 21 septembre, le groupe Casino a trois mois pour répondre.

La politique environnementale de plusieurs pays latino-américains a eu un écho dans les rangs du Parlement européen. Le 7 octobre, lors de la discussion du rapport annuel 2018 sur la mise en œuvre de politique commerciale commune, le Parlement a adopté une résolution dont un paragraphe (No 36) concerne l’accord de libre-échange négocié par l’Union Européenne avec le Marché Commun du Sud – Mercosur**. La conclusion est claire, celui-ci « ne peut pas être ratifié en l’état. ». La France avait déjà manifesté son opposition à l’accord en 2019.
En guise de rappel, la Suisse, dans le cadre de l’Association Européenne de Libre Échange – AELE (Suisse, Norvège, Lichtenstein et Islande) a conclu un accord à la fin du mois d’août 2019. Accord déposé au parlement fédéral également contesté par des parlementaires et par plusieurs ONG.
Les nombreux appels à protéger les forêts seront-ils entendus ? À suivre…

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