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Pérou : Résistance communautaire pour la défense de la « selva »

Des communautés indigènes du bassin Amazonien péruvien s’opposent à la déforestation et à la récente Loi sur les forêts et la faune sauvage approuvé par le Congrès péruvien.

Le bassin du fleuve Putumayo englobe une zone de 12 millions d’hectares et représente 1,7% du bassin amazonien. Il naît en Colombie et s’écoule en délimitant une grande partie de la frontière entre l’Équateur et le Pérou, jusqu’au fleuve Amazone, au Brésil. Il s’agit d’un des rares fleuves amazoniens qui s’écoule encore librement.

Une grande partie de ce bassin, en particulier dans la région du Pérou, englobe des territoires indigènes et des zones protégées créées par les Etats en méconnaissant les droits territoriaux des peuples qui y vivent. En outre, il s’agit d’une région où se trouvent encore des zones étendues de selvas intactes et peuplées de peuples indigènes en isolement volontaire.

Les populations indigènes habitant actuellement la région de Putumayo ont connu ce que l’on a nommé le génocide de Putumayo, entre 1879 et 1913, durant l’apogée de l’extraction du caoutchouc. On estime que près de 100 000 indigènes dans la région amazonienne ont été brutalement exploités, abusés et torturés par les compagnies exploitantes de caoutchouc.

La malédiction des ressources
Comme d’autres zones de l’Amazonie, la région du bassin de Putumayo souffre des terribles impacts de déforestation et de dégradation des forêts ; impacts en partie dus à l’industrie minière et aux entreprises de bois. Qui plus est, au cours des dernières années, les mafias qui contrôlent ces deux commerces se sont rapprochées du narcotrafic et des guérillas armées. On constate donc une augmentation de la présence de bandes criminelles armées qui s’ajoute à un Etat absent et incapable de garantir les droits des peuples.  

La tranquillité dans laquelle vivaient les communautés indigènes sur les rives du fleuve Putumayo est menacée. La violence est devenue un problème quotidien. Les trafiquants de drogues utilisent la région pour étendre les cultures de coca, ce qui place les territoires indigènes sous menace. 

Le Pérou est le deuxième pays avec le plus de forêt amazonienne après le Brésil. Il occupe également la troisième place en termes de déforestation (derrière le Brésil et la Bolivie). Un rapport récent, estime que, dans les dernières décennies, plus de 2 700 000 hectares de forêts, ont été perdus. Cela est la conséquence directe de l’expansion des plantations visant à l’extraction d’huile de palme.

Pour compliquer un peu plus l’avenir des forêts amazoniennes et de nombreuses communautés indigènes qui ont occupé ces territoires de façon millénaire, au début de l’année, le Congrès du Pérou, a approuvé une série de modifications à la Loi sur les forêts et la faune sauvage.
Des organisations indigènes et de la société civile ont dénoncé l’approbation trop rapide de la loi qui bafouait les temps parlementaires. Elles ont par ailleurs souligné que les modifications de la loi font la promotion de la déforestation et facilitent l’octroi de droits sur leurs forêts à des tiers. Pour elles, « ils ont violé nos droits à la consultation et au consentement préalable libre et informé. Plus grave encore, cette modification fera la promotion du dépouillement des territoires intégraux ancestraux et augmentera les menaces et la vie des défenseurs indigènes environnementaux, ainsi que la vie et l’intégrité biologique, culturelle, environnementale et spirituelle ».
World Rainforest Movement

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