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La diaspora Karen appelle à renforcer l'aide humanitaire aux populations déplacées en Birmanie

Le 27 mars, la région de Kawthoolei et d’autres zones de l’État Karen, dans le sud-est de la Birmanie, ont subi des frappes aériennes et des tirs d’artillerie lourde à l’occasion de la « journée des forces armées ». Le lendemain, l’Organisation internationale Karen (IKO), représentant les communautés Karen dans la région Asie-Pacifique et en Europe, a appelé la communauté internationale à renforcer son aide humanitaire aux populations déplacées dans l’État Karen, qui compterait au moins 150 000 déplacés selon l’organisation.

Début 2022, ICRA a envoyé une aide d’urgence (couvertures et nourriture) pour soutenir les déplacées Karen qui traversent la frontière thaïlandaise et surtout les déplacés qui ne peuvent pas se rendre en Thaïlande et doivent rester cachés dans les forêts de l'État Karen à l’écart des villages. 

L’Organisation internationale Karen (IKO), qui représente les communautés Karen dans la région Asie-Pacifique et en Europe, a appelé la communauté internationale à fournir d’avantage d’aide humanitaire aux populations civiles déplacées dans l’État Karen, au sud-est de la Birmanie. L’appel a été lancé alors que l’armée birmane poursuit son assaut contre les civils dans l’État Karen avec des frappes aériennes qui ont détruit des habitations et déraciné plusieurs milliers de villageois.

Le 27 mars, qui marquait la « journée des forces armées » dans le pays, des frappes aériennes et des tirs d’artillerie lourde ont atteint la région de Kawthoolei et plusieurs autres sites de l’État Karen, entraînant de lourdes pertes selon les médias locaux. « Les bombardements incessants de l’armée birmane contre des cibles civiles violent les lois internationales et constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, et les coupables doivent être poursuivis pour leurs crimes internationaux », a déclaré l’IKO dans un communiqué, publié le 28 mars.

150 000 civils déplacés dans l’État Karen selon l’IKO
Selon l’organisation, on compte au moins 150 000 civils déplacés rien que dans l’État Karen, qui ont besoin de toute urgence d’un toit et d’aide alimentaire et médicale. Le groupe a également appelé les ONG internationales à travailler avec les organisations Karens afin de distribuer les aides plus efficacement grâce à une meilleure coopération transfrontalière. Les communautés Karens à travers le monde ont également appelé à imposer des sanctions contre les entreprises birmanes fournissant du carburant aviation aux militaires, et contre les entreprises internationales participant d’une manière ou d’une autre à l’approvisionnement de l’aviation militaire birmane.
L’an dernier, le 27 mars 2021, l’est du pays, relativement paisible ces dernières années, avait également été frappé par les premiers bombardements dans la région depuis vingt ans, après qu’un poste de l’armée avait été assailli près de la frontière – une attaque qui avait fait dix victimes. Les dernières frappes aériennes survenues ce dimanche 27 mars ont eu lieu le même jour qu’un avertissement du général Min Aung Hlaing, qui a promis d’anéantir tous les groupes d’opposition dans le pays.

« La Tatmadaw [le nom officiel de l’armée birmane] détruira les groupes terroristes et leurs partisans pour avoir tué des innocents et menacé la paix et la sécurité », a-t-il affirmé lors de la parade du 27 mars à Naypyidaw, en ajoutant qu’ils ne négocieront pas avec les groupes terroristes. L’armée a en effet désigné les « forces de défense populaire » insurgées et le Gouvernement d’unité nationale (établi par d’anciens parlementaires chassés du pouvoir par la junte et par plusieurs groupes ethniques) comme des organisations terroristes.
L’an dernier, le 27 mars 2021, au moins 140 personnes sont décédées à l’occasion de la « journée des forces armées », en faisant l’un des jours plus meurtriers depuis le coup d’État du 1er février 2021 et déclenchant des manifestations massives et une résistance armée en réaction à la répression brutale des militaires.

Accusations de crimes de guerre
Un rapport récent de l’ONU a dénoncé des atrocités militaires commises par l’armée birmane comme des « crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ». Actuellement, la junte s’efforce de consolider son pouvoir malgré une résistance renforcée par les nouvelles « forces de défense populaire », en particulier à Sagaing, dans la région de Magway et dans les État Kayah et Chin. Selon les Nations Unies, à l’heure actuelle, les conflits internes ont entraîné plus de 502 000 personnes déplacées, sans compter 31 000 autres qui ont trouvé refuge en Inde, de l’autre côté de la frontière.
L’État Karen, majoritairement chrétien, a subi plus de six décennies de conflits internes entre l’armée et l’Union nationale Karen, avec plus de 100 000 réfugiés dont une majorité de membres de l’ethnie Karen, qui se sont installés dans des camps le long de la frontière thaïlandaise. Les Karens sont près de 5 millions en Birmanie, sur une population de 54 millions d’habitants, formant ainsi le troisième plus grand groupe ethnique après les Bamars et les Shans. La majorité des Karens (également appelés Kayins) pratiquent le bouddhisme theravada, pour environ 15 % de chrétiens. Beaucoup de Karens étaient animistes avant l’arrivée des missionnaires chrétiens au XIXème siècle.

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